La commémoration de l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe
Le 27 mai 1848 est une date clé très importante en Guadeloupe, car il s’agit de la date à laquelle a été officiellement proclamée l’abolition de l’esclavage sur le territoire. Chaque année, cette commémoration est l'occasion de rendre hommage aux hommes et femmes qui ont lutté pour leur liberté et de se souvenir de cette page douloureuse de l'histoire de la Guadeloupe.
L'esclavage en Guadeloupe : une période de souffrance et de résistance
Pendant quatre siècles, 13 à 15 millions d'hommes, de femmes et d'enfants ont été déportés du continent africain pour servir de main-d’œuvre gratuite et servile aux propriétaires terriens installés dans les colonies, notamment sur l’île de la Guadeloupe.
Après le massacre des premiers habitants des îles caribéennes, il faut aux Européens nouvellement installés, des travailleurs pour faire tourner l’exploitation intensive des plantations de canne à sucre, entre autres. C’est l’époque de la traite négrière. En Guadeloupe, l'économie reposait principalement sur les plantations de canne à sucre, où les esclaves vivaient dans des conditions inhumaines.
La traite négrière
Un commerce brutal qui arracha des millions de personnes à leur terre natale. Après l’enlèvement de personnes sur différents territoires africains, on les enchaîne et on les déporte. Le voyage en bateau vers les colonies est éprouvant pour les captifs, ils sont enchaînés à fond de cale, immobilisés, entassés les uns sur les autres, blessés et surtout arrachés à leur terre et séparés de leur famille. Dès qu’une occasion de monter sur le ponton se présente, beaucoup préfèrent la noyade au déracinement et à l’enfer qui les attend.
Des conditions de vie déplorables
La vie sur les habitations est inhumaine pour les captifs africains, assimilés à des bêtes de somme, ils subissent les actes de cruauté des esclavagistes européens (sévices corporels, viols, tortures…), évoluent dans des conditions de vie très rudes, ils sont parqués dans des cases aux conditions insalubres ; les accidents de travail sont nombreux et coûtent soit un membre soit la vie.
Les résistances et insurrections
Les Africains déplacés et induits en esclavage se rebellent contre ce système atroce, ils fuient les plantations ; mais des milices armées les pourchassent avec des chiens. Ils risquent gros si ces chasseurs d’esclaves les rattrapent.
Celles et ceux qui réussissent à s’enfuir loin des plantations s’organisent, on les appelle « les marrons ». Les negmarrons continuent de combattre pour leur liberté, en menant des insurrections sur les habitations.
Figures emblématiques de la lutte pour la liberté
Plusieurs périodes d’agitation et d’affrontements secouent l’île de la Guadeloupe ainsi que d’autres îles de la Caraïbe, ce qui plonge les esclavagistes dans la terreur.
Le 27 mai 1848, le gouverneur de la Guadeloupe Jean-François Layrle proclame l’abolition de l’esclavage dans l’île, par crainte d’une insurrection générale des esclaves.
On honore aujourd’hui les femmes et les hommes qui ont participé à la résistance contre l’esclavage, comme la Mulâtresse Solitude ou Louis Delgrès, deux héros de la lutte contre le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe en 1802. Solitude fut arrêtée et exécutée au lendemain de son accouchement, tandis que Delgrès préfèra la mort plutôt que la capitulation, avec trois cents de ses hommes.
Un lieu de mémoire : le Mémorial ACTe
Pour comprendre la société guadeloupéenne, il est important de saisir ce pan de son histoire, le Mémorial ACTe ou « Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la Traite et de l’Esclavage » est justement un espace pédagogique dédié à la mémoire « vivante ».
Ce musée commémoratif est situé dans la rade du port de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, sur le site de l’ancienne usine sucrière Darboussier.
Le MACTE vaut le détour à la fois pour son architecture audacieuse et pour la manière dont est abordée l’histoire de l’esclavage. L’exposition permanente est axée sur l’histoire des personnes induites en esclavage et de leur résistance, en proposant aux visiteurs de suivre leurs itinéraires à travers un parcours sensoriel.
Commémorer l'abolition dans le Nord Grande-Terre
Pendant ce jour férié du 27 mai, en Guadeloupe chaque commune organise une série d’événements pour honorer les ancêtres africains, reconnaître leurs souffrances et leurs luttes pour la liberté.
Les Marches des esclaves
Dans le Nord Grande-Terre, la ville de Petit-Canal est visiblement marquée par l’histoire. En vous y arrêtant, vous pourrez découvrir quelques vestiges de la traite négrière comme les Marches des esclaves.
Ces escaliers de 54 marches étaient le point de passage pour des centaines de milliers d’Africains arrachés à leur terre, ils conduisent à l’esplanade en face de l’église, où les déportés y étaient vendus. Et non loin des marches, il reste les vestiges d’une prison, spectaculairement enchevêtrés par les racines d’un figuier maudit.
Les ruines de l'ancienne prison
Un lieu chargé d’histoire, marqué par les souffrances du passé. Enchevêtrées dans les vestiges, les racines d’un figuier maudit semblent figer le temps, rappelant le destin tragique des esclaves détenus en ces murs. Ce site emblématique est aujourd’hui un lieu de mémoire incontournable pour comprendre la réalité de la traite négrière en Guadeloupe.
Pour participer à la célébration de Petit-Canal cette année, rendez-vous le 27 mai de 9 heures à 17 heures aux Marches des esclaves : des événements sont organisés pour honorer la mémoire des ancêtres :
- Visites historiques du bourg de Petit-Canal
- Balades traditionnelles en charrette et à poney
- Village artisanal mettant en avant l’artisanat local (bijoux, objets anciens…)
- Cérémonies commémoratives et animations culturelles.
Sur place, des points de restauration seront disponibles.
Immersion culturelle et ateliers pédagogiques
La transmission de l’histoire passe aussi par des expériences immersives et des échanges. Des ateliers pédagogiques sont régulièrement organisés pour permettre aux visiteurs d’approfondir leurs connaissances sur la traite négrière et ses conséquences. Ces ateliers incluent :
- Reconstitutions historiques pour revivre des moments clés de la lutte pour l’abolition.
- Ateliers artistiques et culturels, mettant en avant la musique traditionnelle, la danse gwoka ou encore la fabrication d’objets artisanaux inspirés du patrimoine guadeloupéen.
Ces initiatives offrent aux visiteurs une approche interactive et éducative de cette mémoire collective.
Un devoir de mémoire pour les générations futures
La commémoration du 27 mai en Guadeloupe est essentielle pour transmettre l’histoire aux nouvelles générations. Elle rappelle le combat des esclaves pour la liberté, tout en mettant en valeur la richesse du patrimoine historique et culturel guadeloupéen.
Si vous souhaitez en connaitre un peu plus sur la culture et le patrimoine de la Guadeloupe, n’hésitez pas, contacter l’Office du Tourisme du Nord Grande-Terre.