La tradition des bœufs-tirants en Guadeloupe
Le bœuf est l’animal phare des paysages guadeloupéens, il fait pleinement partie de l'histoire de l'archipel. Une tradition s’articule même autour de lui, celle des bœufs-tirants.
Les origines de la tradition des boeufs-tirants
Autrefois, on utilisait le bœuf pour actionner les moulins, transporter la canne dans les champs. Au vu de sa robustesse, c’est un excellent animal pour les travaux d’attelage et le labourage des champs. Un animal rustique, peu cher et solide face aux différentes maladies en comparaison aux autres races “améliorées”.
C'est pour perpétuer cette race créole locale menacée par ses cousines européennes qu'est créée dans les années 70 l'Association de Sauvegarde des Bœufs Créoles (ASBC).
L’ ASBC lance ainsi les premiers concours de boeufs-tirants. Une pratique devenue au fil du temps une tradition au service de la préservation de la race bovine créole. Aujourd’hui, il existe plus de 16 clubs de passionnés sur toute la Guadeloupe.
La compétition de boeufs-tirants
On distingue 5 catégories dans la compétition. Les catégories A ,B ,C sont consacrées aux plus gros bœufs dépassant 1 tonne.
Tandis que les catégories minime et cadette rassemblent les jeunes bovins débutants; ils changeront de catégorie ensuite selon leur évolution dans le temps, c'est-à-dire en fonction du nombre de leurs victoires en compétition et des titres gagnés.
Tout repose sur la force physique des bêtes en compétition.
Un attelage se compose de deux bœufs, d’une charrette traditionnelle remplie d’une charge selon les conditions de la compétition et d’un chauffeur et de deux assistants appelés “koreurs”. Tout cet équipage doit gravir une pente. Les bœufs doivent arriver au sommet en 6 minutes avec un maximum de 12 coups de fouet et pas un de plus ! Car un treizième coup de fouet amènerait une disqualification immédiate du participant.
Les “koreurs” sont des personnes chargées de bloquer les roues des charrettes durant leur progression, pour éviter que la charrette ne dévale la côte. Une mesure importante de sécurité.
Autour de chaque compétition gravite un comité technique qui organise le nettoyage, le balisage de la zone de compétition, mais aussi la remise des titres, des trophées et des autres prix.
Une compétition est surtout un événement convivial, on installe donc plusieurs chapiteaux, des chaises, des tables, car il n’est pas rare de pouvoir s’y restaurer sur place.
La vie des boeufs-tirants
Les bœufs, s’ils sont bien dressés, arrivent à distinguer entre autres, quatre ordres :“han” pour démarrer; “annou” pour avancer; “choulé” ou“chich” pour aller dans un sens ou un autre et “rété” ou “hoo” pour qu’ils s’arrêtent. Grâce au dressage, les coups de fouet sont limités. Le but de la compétition n’est pas la maltraitance vaine des bœufs, mais plutôt de valoriser leurs capacités et celle du cheptel du propriétaire. Après tout, un bœuf de compétition bénéficie d’un traitement royal, car il reçoit deux à trois heures de soins au quotidien, un entraînement et une préparation comme tout sportif.
Les propriétaires se permettent même de petites excentricités lorsqu’ils baptisent leurs bêtes “Fortune”, “Briller”, “Tremblé” ou encore “Nitrop”.
Comment assister à une compétition de boeufs-tirants en Guadeloupe ?
La saison des compétitions débute au mois de mai aux Abymes, suivent ensuite d’autres rencontres dans les différentes communes de l’île. À noter les célèbres courses du Nord Grande-Terre comme celle de l’anse Salabouelle au Moule.
Plusieurs compétitions sont actuellement en préparation :
Le grand prix de la ville du Moule aura lieu le 25 juin 2022. Puis les prochaines compétitions auront lieu à Port-Louis le 09 juillet, au Moule le 16 juillet, à Morne-à-l’Eau le 23 juillet et le grand prix Titans du Nord se déroulera à Anse-Bertrand le 15 octobre prochain.
La fin de la saison est au mois de décembre avec le festival des bœufs-tirants qui dure une semaine entière.
Découvrir les boeufs-tirants, c’est aller à la rencontre d’un sport où les hommes et les femmes s’investissent pleinement pour faire redécouvrir un patrimoine qui tend à disparaître.
Si vous souhaitez assister à une compétition de boeufs-tirants, pour connaître les prochaines dates, rendez-vous sur le site de l’office du tourisme du Nord Grande Terre !
